Mieux connu sous le nom de Ben Nyamabo il est né à Likasi en 1956 alors Congo-Belge et décédé à Kinshasa, le 4 décembre 2019.
Ben Nyamabo, le vendeur de vêtements qui voulait chanter
Nyamabo est, en 1983, un illustre inconnu du milieu artistique Congolais. Du moins, sur le plan purement musical. Propriétaire de « Scarpa Uomo », une boutique de vêtements située à Kinshasa, non loin du building Vévé Center de Kiamwangana Verkys, Nyamabo est « l’habilleur des boss », des artistes de la place. À la fin des années 1970, le mouvement de la SAPE est en plein essor et les chanteurs, notamment Papa Wemba ou Emeneya Kester de Viva la Musica, raffolent de griffes telles que JM Weston, Versace, JC Castelbajac, Enrico Coveri, M&F Girbaud, Kenzo, Tokyo Kumagai, Pierre Cardin…La boutique de Ben Nyamabo est spécialisée dans les pièces importées d’Italie, il se fait, grâce à elle, un excellent carnet d’adresse.
Parolier à ses heures perdues, son rêve est de chanter. Il tente un premier essai en 1980 avec des membres de l’orchestre Zaïko Langa-Langa, le batteur Ilo Pablo, le guitariste Teddy Sukami, ou encore le chanteur Yenga-Yenga. Ce genre de play réunissant des artistes divers est ce que l’on appelle un « Nzonzing » en argot lingala, c’est tout simplement un featuring ou guest-star pour un album « non officiel ». Dénommé « Teddy et Benj chantent Wina », ce 33 tours contient 4 morceaux de Ben Nyamabo dont « Je t’adore Kapia ». Cette chanson sera la base d’un des plus grands succès de Choc Stars, « Riana ».
Ce premier opus, attise l’appétit de Ben Nyamabo, mais chanteur très moyen, il n’intégrera jamais le Zaïko Langa-Langa.
En 1982, il s’appuie sur l’une des vedettes de l’orchestre Langa-Langa Stars, son ami Djuna Djanana, le père des chanteurs Maître Gims et Dadju, pour y solliciter un test. Ce groupe surnommé « les 7 patrons » a alors pour têtes d’affiche les 5 chanteurs, Djuna Djanana, Evoloko Joker, Bozi Boziana, Esperant Djengaka et Dindo Yogo ainsi que le guitariste Roxy Tshimpaka et le Bassiste Djomali Bolenge.
Avec l’insistance de Djanana, Ben Nyamabo sera le « 6è micro ». Celui qui prend très rarement part aux prestations scéniques et sonographiques, à qui l’on coupe de son du micro, mais qui détient une boutique de vêtements de qualité et peut donc fournir plus facilement ses collègues. Nyamabo serait assis selon les dires de l’époque sur une petite fortune amassée grâce à sa boutique, ce qui est un argument de poids.
Nyamabo, Bozi et Roxy quittent Langa-Langa Stars pour fonder Choc Stars
Néanmoins, Evoloko Joker empêchera Ben Nyamabo de poser sur quelconque opus. Il tente de mener une fronde au sein de l’orchestre avec la complicité de Bozi afin de mettre Evoloko à l’écart, mais cette première tentative est rapidement éteinte par Verckys.
Lassé de ne pouvoir poser sur aucun support, Nyamabo se retire alors de l’orchestre à l’été 1983, mais prépare déjà son coup de maître. Ben Nyamabo est un fin stratège, durant son année dans l’ombre, il a appris de nombreuses choses sur l’organisation et la gestion d’un groupe, a tissé de fines relations au sein de Langa-Langa Stars. Il veut monter son orchestre et exploiter son talent de parolier. De voyage à Rome, il revient équipé de quelques instruments et va minutieusement recruter certains des meilleurs musiciens du pays en promettant cachets élevés et plus de liberté artistique.
Bozi Boziana qui reproche à Evoloko Joker son autoritarisme, contre l’esprit collégial des 7 Patrons, saute sur l’occasion et se joint immédiatement à Nyamabo. Le deuxième membre de Langa-Langa Stars à être sollicité par Ben Nyamabo est le soliste Roxy Tshimpaka. Ils forment le trio Bobet (Bozi, Ben, Tshimpaka) qui sera également le nom de leur label.
Nous sommes en novembre 1983, Choc Stars né avec pour membres originels : les Chanteurs Defao Matumona (de Grand Zaïko Wawa), Monza , Adoli, Koffi Alibaba, Makolain le Géant (qui finalement rejoindra Victoria Eleison) et bien sûr Ben et Bozi.
Les solistes Roxy Tshimpaka et Sedjo Ka Tshomba, les guitaristes Teddy Lokas Accompa et Carrol Makamba provenant également de Langa-Langa Stars. Les bassistes Dada Kombe de Langa-Langa Stars et Jerry Wajery.
La partie rythmique sera assurée par le drummer Otis Edjudju Mondhe passé par les orchestres Minzonto Wella Wella et Langa Langa Stars et le percussionniste Ekoko Mbunda. Choc Stars va par ailleurs, s’inspirer de la tendance développée depuis 1982 par Zaïko Langa-Langa, en laissant la partie dansante à un animateur dit atalaku, le dénommé Ditutala Kwama Makengo arrivant du groupe folklorique Bana Odeon. Il n’est autre que le frère de Bébé Atalaku qui preste…dans Zaïko Langa-Langa.
1983-1985 Bozi Boziana la voix de Choc Stars
Les débuts de Choc Stars sont intimement liés au déclin naissant de Langa-Langa Stars. Bozi Boziana en est un des exemples forts, entre 1983 et 1985, il chante près de 80 % des chansons de l’orchestre. D’ailleurs, les premières œuvres de Choc Stars « Tshala » et « Labara » sont signées Bozi Boziana. Elles paraissent à la fin de l’année 1983 sur co-album avec…Langa Langa Stars et les chansons Moyeke (Evoloko) et Nzembo Elengui (Dindo Yogo).
Dans ses premières chansons comme « Fatou », « Labara », « Mokili Ngonga » de Roxy Tshimpaka, « Mbemba » de Ben Nyamabo ou « Malé » de Monza , Choc Stars joue une musique très folklorique et assez sacadée et crée son style reconnaissable notamment à se danse fétiche Roboti-Robota. Elle maintiendra en haleine les fans de cet orchestre durant deux années. Celles qui coïncident avec la mainmise de Bozi Boziana sur la partie artistique du groupe.
L’orchestre connaît alors une ascension prodigieuse et les candidats se bousculent au portillon de Ben Nyamabo afin de l’intégrer. Lui-même conscient de ses lacunes musicales, n’hésite pas à recruter de très bons chanteurs et musiciens afin de donner une légitimité au groupe. Début 1984, le bassiste Djomali est incorporé à l’équipe après avoir lâché Evoloko Jocker. Dans le même temps, Djuna Djanana d’abord brièvement retourné dans Viva La musica, est sollicité par Ben Nyamabo pour rejoindre les Choc Stars. Il y prend immédiatement une grande dimension et signe ses premières chansons telles que Cha-Cha et Karina.
L’attaque chant continue de croitre avec les arrivées du transfuge de Victoria Eleison, Petit-Prince Zola Ndonga dit « Bengali le grand Maluata » le ténor formé à Viva la Musica et de Fifi Mofunde. Les Choc Stars entament alors une tournée européenne qui les emmenent notamment à Paris, Bruxelles et Genève.
Ce premier voyage est l’occasion d’enregistrer de nouvelles chansons et pour certains membres (principalement Defao et Bozi) de préparer des albums solos. Par ailleurs, les premiers signes de conflits naissent entre les trois leaders Roxy, Ben et Bozi. C’est pourquoi les 4 premiers opus de l’année 1985 intitulés « Retrouvailles à Paris » en 4 volumes sont entièrement joués par Sedjo Ka Tshomba à la guitare solo. Ces LP présentent une nouveauté rythmique avec un tempo légèrement plus lent mais surtout un jeu de batterie totalement différent du désormais traditionnel imposé par Zaïko Langa-langa et son drummer Meridjo. Otis Edjudju propose un style plus Pop-Rock dit « à la londonienne » en utilisant davantage la charleston (ou hi hat, ouvert et/ou fermé).
Toutefois au moment de retourner à Kinshasa, Dada Kombe (qui avait prévu de rester en Europe) et Sedjo Ka (insatisfait par le manque de salaire) quittent l’orchestre. Dada s’installe en France et Sedjo Ka en Suisse où il crée un orchestre dénommé Méli-Mélo avec des musiciens issus de multiples origines jouant une musique proche de l’actuelle World Music. Pour autant, il ne coupe pas totalement les ponts avec Choc Stars puisqu’il composera de nombreuses chansons pour Defao, Carlyto ou encore Debaba.
Départ de Bozi et création de l’orchestre « Anti Choc Stars »
L’orchestre atterrit à Kinshasa à la rentrée 1985 et y largue ses nombreux opus de l’année. A l’écoute de ceux-ci, les observateurs locaux remarquent que la voix du fondateur, Ben Nyamabo est très peu présente au contraire de celle de Bozi, Defao ou encore Djanana qui a eu l’occasion d’enregistrer 4 chansons soit un album solo selon les standards de l’époque.
En réalité, Bozi essaie de faire main basse sur le groupe et comme Evoloko au sein de Langa-Langa Stars, empêcher Ben Nyamabo de chanter régulièrement. Ce dernier s’en plaint auprès de Roxy Tshimpaka, lui-même déjà en conflit avec Bozi, lors de la précédente tournée européenne.
Bozi a par ailleurs entreprit de réaliser des projets solos avec le producteur Verckys qui était alors en conflit avec Ben Nyamabo. Ce qui lui vaut sa suspension de prestation au sein de Choc Stars. Puis Nyamabo profite d’un déplacement de Bozi en Europe pour annoncer sa révocation definitive, lors d’une conférence de presse sur Télé Zaïre (OZRT).
En novembre 1985, Bozi Boziana n’est plus membre de Choc Stars et va créer quelques semaines apres son propre orchestre, qu’il nomme tout simplement Anti Choc Stars avant d’opter pour l’appellation Anti-Choc. Il emmène avec lui les chanteurs Fifi Mofude et Adoli. Dans le même temps, Monza qui avait été suspendu pour les memes raisons que Bozi, décide également de quitter Choc Stars pour monter l’orchestre Stars Magnats en compagnie de Koffi Ali Baba.
Avec le départ de ces 5 chanteurs, l’attaque chant de Choc Stars se retrouve décimée tant en quantité qu’en qualité.
Fin 1985, il ne reste que Ben Nyamabo, Petit Prince, Defao et Djuna Djanana. Il s’agit dès lors de recréer une chorale pour effacer le départ de Bozi.
Ben et Djanana vont s’atteler à recruter 3 des meilleurs chanteurs zaïrois de l’époque. D’abord Debaba Mbaki l’ancien chanteur ténor de Viva la Musica, dont les collaborations avec Kester Emenaya dans Victoria Eleison puis Koffi Olomide dans Historia Musica entre 1982 et 1985 ont tourné court.
Puis Nzaya Nzayadio de Lipua Lipua et sa deuxième voix typique des chanteurs de rumba « classique ».
Enfin Carlyto Lassa Ndombasi, le lead vocal de charme de l’OK Jazz depuis 1983. Par le recrutement de ce dernier, Ben Nyamabo se met définitivement Luambo Franco le leader d’OK Jazz à dos.
Dès lors, la direction artistique de Choc Stars va prendre une nouvelle direction, accentuant la qualité du chant au point de gagner le surnom d’OK Jazz « Junior » et d’atteindre sa maturité musicale.
1986-1991 L’apogée musicale de Choc Stars
1991-1995 Dislocation du groupe
Discographie
1983′
- LANGA LANGA STARS & CHOC STARS dans TSHALA
1984′
- ROBOTI ROBOTA DEUX A DEUX « Mokili ngonga »
- SISINA
- BENZ BOZI BOZIANA DE CHOC STARS dans SANTA
- ROBOTI ROBOTA 2.è Episode
1985′
- MONZA 1.er dans Eve
- CHOC STARS A PARIS dans MBUTA MUTU
- RETROUVAILLES A PARIS VOL. 1. NONO
- RETROUVAILLES A PARIS VOL. 2. JAMINATA
- RETROUVAILLES A PARIS VOL. 3. AMOUR INFINI BAKUTU
- RETROUVAILLES A PARIS VOL. 4. MWANA SUKA
- CHOC STARS dans Choc=shock=choc
- BEN NYAMABO dans AWA & BEN
- LES EDITIONS BOBET PRESENTENT CHOC STARS dans ENA
1986
- CHOC STARS A PARIS dans SANDRA LA BLONDE
- DEFAO, CARLITO & DEBABA dans KOPALANGANA TE – HE WAKATSA 2.E EPISODE
- CHOC STARS dans la KOREINE
- CHOC STARS dans NALANDAKE TE
- CHOC STARS dans Riana
- A KUFI LOBI AKOMI MOTO « Mauvais souvenir Buana »
1987′
- CHOC STARS dans Kelemani
1988′
- CARLITO & DEBABA DE CHOC STARS dans BA MAMA ZAIROISE
- DEFAO, CARLITO & SEDJO KA dans IBRAHIM BULA
- DEFAO de CHOC STARS dans CHAGRIN DIMONE
- CARNAVAL CHOC STARS « Medley »
- CHOC STARS 5.E ANNIVERSAIRE « Nalela bolingo »
1989′
- LES CHOC STARS DU ZAIRE « Nakombe nga »
- PREMIER AMOUR
- CHOC STARS dans MUNDUKI ELELO
- CHOC STARS dans PÉCHÉ DE LA FEMME « SAISON SÈCHE »
1990′
- CHOC STARS & DEFAO dans HITACHI
- CHOC STARS dans OKA POLISSON CHAUFFE
- DEFAO, DEBABA & SEDJO KA dans IBRASSON
1992′
- CHOC STARS dans BAKUKE
1993′
- CHOC STARS de Defao & Carlito dans LE DERNIER SUCCES
- CHOC STARS dans LAISSER PASSER
1995′
- CHOC STARS dans LE DERNIER METRO
- CHOC STARS dans BANGO OYO BAYE
1996′
- CHOC STARS dans EPAKA MASASI
2004′
- CHOC STARS dans RATISSAGE
Principales danses et animations
Si Choc Stars fut un orchestre référence pour la qualité de sa chorale, ses danses et animations lancées par Ditutala Kwama, ont parfaitement symbolisé son style artistique.
Il a commencé à enregistrer son album Lisu Likolo Ya Lisu (qui serait son dernier album) vers 2016.
En octobre 2019, il a été victime d’une agression de l’artiste Adricha Tipo Tipo après qu’Adricha eut eu un conflit avec son partenaire et grand ami Nyoka Longo (chef du groupe Zaïko Langa Langa).
En novembre 2019, il est entré à l’hôpital général de Kinshasa et après avoir été dans le coma pendant deux semaines, l’artiste Ben Nyamabo est décédé. Son corps sera enterré le 30 janvier 2020 à Kinshasa. La date a été annoncée par la SONECA et l’association Artistes en Danger de Shaka Kongo.