Né le 5 Mai 1934 à Mabenga dans la région du Pool (Congo Brazzaville), Daniel LOUBELO alias « De la Lune » a grandi dans une famille de 12 enfants dont il était le 3ème. Une famille chrétienne qui s’appliquait à produire de la musique religieuse au sein de l’Armée du Salut. Au demeurant la musique fut un don de toute la famille. Thomas BIKINDOU, le père de LOUBELO « De la Lune » était capitaine de l’Armée du Salut entre 1939-1952. Trompettiste, il a animé à cette époque la fanfare de l’église salutiste du village. Tandis que sa mère Anne BALOSSA a exercé à la même époque la fonction de monitrice dans le foyer salutiste, et elle jouait parfaitement à la guitare.
Il avait plus d’une corde à son arc. Son nom évoque la maîtrise plus que parfaite de la guitare basse qui a donné de nouvelles perspectives de style dans le succès du rythme de l’O.K. Jazz, cet orchestre légendaire dont il a été le co-fondateur le 6 juin 1956 à Léopoldville (Kinshasa) Co-fondateur également de l’Orchestre Bantous le 15 Août 1959 à Brazzaville, Daniel LOUBELO « De la Lune » a démontré dans ce groupe composé des musiciens issus des orchestre OK Jazz et Rock-A-Mambo, la grande valeur du bassiste moderne qui a le vent en poupe. Il s’est inventé un son et une sensibilité à la rumba qui a tranché merveilleusement entre les styles OK Jazz et Rock-A-Mambo. A Brazzaville et à partir de 1952, commence son parcours musical, en marge bien sûr de sa fonction d’enseignant.
C’est dans cet orchestre qu’il révèle ses talents de compositeurs. Il est, avec Badin, Depewe, Antoine Moundanda et dans une certaine mesure, Franco, tenant de la refolkorisation de la musique moderne congolaise. Puisant son inspiration dans le terroir musical profond, il a donné naissance à des œuvres flamboyantes. « Ya Luna umbanzila » (référence Cefa Cf. 209), créé dans l’Ok Jazz, reste emblématique de son orientation musicale. Ce titre résume, à lui seul, l’univers de ce musicien pétri de culture locale.
En effet, Il bénéficie auprès de madame PEPPER, musicologue française (très active en milieu musical à Brazzaville), d’une formation guitaristique basée sur l’étude du solfège et des partitions musicales élaborées. Cette formation sera complétée par l’apport du musicien Guy Léon FYLLA, une des plus admirables sonorités de la guitare et du saxo de l’époque.
En 1953, alors qu’il n’a que 19 ans, LOUBELO « De la Lune » se désengage de sa fonction de moniteur, pour se consacrer exclusivement à la musique. Il va tenter sa chance à Léopoldville (Kinshasa) où sont installées les plus grandes industries du disque. Il signe pour la Firme « Loningisa » de l’éditeur grec PAPADIMITRIOU comme guitariste, et marque aussitôt sa présence dans l’écurie par la sortie en novembre 1953 de son premier disque : « Marie kanisa ngai » et « Bitumba mabe », suivi en Novembre 1955 de « Mia bella poza » et « Komeka te ».(au cours du même mois, LUAMBO Franco sort son tout premier succès : « Bolingo na Béatrice » et « Marie Catho ») Ici commence alors la période la plus créative de « De la Lune » par la sortie de plusieurs autres morceaux à succès , avant de participer à la création de l’OK Jazz, le 6 Juin 1956 à Kinshasa.
Guitariste, puis bassiste à partir de 1956, Daniel LOUBELO « De la lune fut dans l’OK Jazz, un athlète de son instrument, une sorte d’énorme rythmicien qui s’intégrait parfaitement à l’environnement musical du temps. Il fut d’ailleurs dans ce groupe, compositeur de grand talent, où il parvint à créer des œuvres Qui s’enchaînèrent les unes aux autres, chacune teintée de sa propre couleur et qui sont demeurés vives dans la mémoire populaire.
Le 18 Juin 1959, LOUBELO « De la Lune » accompagné de ses collègues de l’OK Jazz natif du Congo Brazzaville ; Edo GANGA et Célestin KOUKA quittent Kinshasa et l’OK Jazz pour se retrouver à Brazzaville, avant le rendez-vous historique de la création de l’orchestre Bantous le 15 Août 1959 au dancing « Chez Faignond ». Groupe dans lequel on compte Jean Serge ESSOUS et Saturnin PANDI, venus eux aussi de Kinshasa et de l’orchestre Rock-A-Mambo (Excepté Nino MALAPET qui rejoindra le groupe en 1961) Le passage de LOUBELO « De la lune » dans Les Bantous de 1959 en 1962 sera surtout marqué par cette grande qualité : sa précision d’exécution des mélodies accrocheuses et dansantes qui ne manquaient pas d’originalité. Daniel LOUBELO, on le sait est parti des Bantous le 12 Août 1962 en compagnie d’Edo GANGA pour réintégrer l’OK Jazz. Ils y resteront jusqu’au 22 Août 1964 date de retour définitif à Brazzaville (suite à l’expulsion par Moïse TCHOMBE des ressortissants congolais de Brazzaville) suivi de la création par LOUBELO « De la Lune », le 17 Avril 1965 de son orchestre « TEMBO » qui a brillé de mille feux, inaugurant par le fait de sa naissance une ère exceptionnelle dans les rapports entre les orchestres brazzavillois, celle des grands conflits, surtout entre les orchestres TEMBO et BANTOUS. Avec la dislocation de son orchestre TEMBO en décembre 1969, LOUBELO tire un trait à sa carrière musicale pour passer le plus grand de son temps dans l’animation des activités socio-culturelles de son quartier du Djoué » à Brazzaville.
Le mercredi 1er Novembre 2006 à Brazzaville, Daniel LOUBELO « De la lune », un des doyens de la guitare basse de la musique congolaise, rend son âme à l’éternel, des suites d’une courte maladie. Il a été inhumé mardi 13 novembre 2006 au cimetière privé d’Itatolo à Brazzaville. La cérémonie de recueillement s’est déroulée dans la salle polyvalente de la mairie de Ouenzé (5ème arrondissement de Brazzaville), en présence, notamment de Jean-Baptiste TATY LOUTARD, Ministre d’Etat, président de l’UNEAC (Union nationale des écrivains et artistes congolais) ; Claude Ernest NDALLA « Graille », conseiller spécial du chef de l’Etat, Dieudonné MOYONGO, commissaire général du FESPAM (Festival Panafricain de musique). On y a noté également la présence des artistes du Congo-Kinshasa sous la houlette de Simaro LUTUMBA (Bana OK) Sur fond de musique distillée par Les Bantous de la capitale, relayée par d’autres musiciens. Quelques figures de la musique congolaise ont fait leurs témoignages sur l’artiste disparu, notamment Auguste Fall PANDZOU, Guy Léon FYLLA et Simaro LUTUMBA.
Avec Made in Congo