De Père mongo et de Mère musoko, il est né à Kinshasa le 20 juin 1954. Encore et toujours célibataire, il est père de deux enfants, Chou Lay et Tonton Lay, tous bons chanteurs.
C’est tout jeune qu’il avait appris à chanter dans la chorale de la paroisse Saint Gabriel de Yolo. Eleve à l’Athenée Royal de Kalina, actuel Institut de la Gombe, il avait l’habitude de s’arrêter, après l’école, chez ses cousins habitant Kalina.
C’est dans ce quartier qu’il découvrira, en 1969, un groupe de jeunes avec en tête Gina Efonge. Il décide du coup, de les rejoindre. Toujours au cours de cette année, pendant les vacances, Evoloko est sollicité par des amis qui avaient appris la création de Zaïko, de rejoindre le groupe, en qualité de co-fondateur à l’âge de quinze ans. Dans cette formation musicale, il va briller de mille feux et signe sa toute première chanson « Francine Keller », avant de récidiver avec « Charlotte adieu na Athénée ». Il est alors le plus jeune du groupe, aux côtés de Jules Shungu Wembadio (alias Papa Wemba), Simon Mavuela (alias Siméon), Joseph N’Yoka Longo (alias Josart), Gina Éfongé (alias Gina wa Gina), Andre Bimi Ombale (alias Mwana Wabi), Bozi Boziana (alias Ya Benz), Félix Manuaku Waku (alias Pépé Felie), Zamanguana (alias Enoch), Paul Bakundé Ilo Pablo, Mbuta Matima, Teddy Sukami… Ces jeunes sont alors encadrés par les fondateurs de cet orchestre : Marcelin Delo, Henry Mongombe, Andre Bita et DV Muanda.
Non seulement qu’il était bon chanteur, mais Evoloko avait également le talent de danseur. Le voir danser Cavacha en chantant « Semeki Mondo » était un réel plaisir. La consécration. À 18 ans, Evoloko Anto est une superstar qui brille dans tout Kinshasa.
Pour beaucoup de ses pairs, et pour la jeunesse congolaise, Evoloko est l’idole, le modèle à suivre et le leadeur incontesté du groupe ZaÏko. Jusqu’au moment où il le quitte pour la première fois en 1975, les mélomanes kinois ne font pas vraiment de distinction entre ce jeune garçon et le groupe Zaïko Langa-Langa.
Il est beau, dynamique, talentueux, et surtout, il invente par sa façon de s’habiller, son rythme Cavacha et ses chansons. Son look attire irrésistiblement tous les jeunes Congolais de l’époque.
En fait, de 1970 à 1975, Evoloko s’impose tout naturellement sur ses collègues de Zaïko Langa Langa. Il est alors le jeune premier à qui tout Kinshasa désire ressembler.
En 1973, il lance une nouvelle bombe: « Mbeya Mbeya ». Il n’y a plus rien à redire. Il est le meilleur et ça lui monte la tête. Ses absences aux séances de répétitions et ses retards lors des concerts amènent DV Muanda et Manuaku Pépé Félie à le révoquer en 1974 pour indiscipline. En signe de solidarité, Mavuela, Papa Wemba et Bozi Boziana quittent également Zaïko Langa Langa, pour former avec Evoloko le groupe Isifi Lokolé. Dans son nouvel orchestre, Evoloko sort les chansons Adolofina, Sambolé, Tour-à-tour, Toto Litina, Amundalasini…
En 1977, alors qu’Isifi Melodia meurt à petit feu, Evoloko lui-même a du mal à retrouver le succès. Curieusement, le coup fatal qui lui est porté vient non pas de Zaïko Langa-Langa, mais de son ami Shungu Wembadio, considéré jusqu’à l’époque comme le maillon le plus faible de la chaîne des musiciens de la première génération de Zaïko Langa Langa.
En effet, en 1977, Shungu Wembadio, devenu Papa Wemba, crée son propre orchestre, Viva La Musica. Le succès soudain de Viva La Musica marque la rupture de la musique de jeune avec le style fiesta auquel Evoloko est associé, et l’introduction du style rumba, auquel s’identifie Papa Wemba. Ceci eut finalement raison de Isifi Melodia. Ainsi, Papa Wemba détrône pour toujours la place qu’Evoloko occupait huit ans auparavant. La référence du Kinois au no 6 de la rue Wafania, Yolo-Nord, fief d’Evoloko, cède la place au puissant Village Molokai, où trône désormais Papa Wemba, son chef coutumier.
De 1977 à 1979, Evoloko perd ses éléments les plus prometteurs, au profit de Papa Wemba. Isifi Melodia est donc condamné, et finit par disparaître. Fuyant le Tsunami Zaïko Langa Langa et Viva La Musica qui dominaient sans partage la musique zaïroise, Evoloko se réfugie en Europe.
Il décide donc d’implorer son retour dans Zaïko Langa Langa auprès de DV Muanda. Celui-ci le réintègre sur insistance de Manuaku Pepe Felly, avec l’opposition des autres membres qui ne voulaient pas de lui. Zaïko est au sommet de sa gloire, et le quartet N’Yoka Longo, Bimi Ombale, Lengi Lenga et Likinga est devenu l’image de Zaïko Langa Langa, avec le couronnement de Sentiment Awa de N’Yoka Longo comme meilleure chanson de l’année 1979.
Evoloko est donc bon gré mal gré réintégré dans l’orchestre Zaïko Langa Langa. Encore une fois, il y apporte tout son talent, mais tout semble comme si Evoloko reprenait son succès là où il l’avait laissé en 1974 dans Zaïko Langa Langa. Bien entendu, Evoloko, entouré de grand chanteurs, arrangeurs et compositeurs n’est destiné qu’à exploser encore. En moins de deux ans, Zaïko produit des chansons mémorables telles que Femme ne pleure pas (Manuaku Pépé Felly), le septième sacrements (Evoloko), Obie (Manuaku Pépé Felly), La Blondé (Bimi Ombalé), Viya (Linkinga Redo), mais surtout Fièvre-Mondo (Évoloko), qui fut couronnée meilleure chanson de l’année 1980.
Le succès retrouvé ramène aussitôt son lot de problèmes pour Evoloko. Le succès de Fievre mondo lui monte à la tête, et, avec le départ de Manuaku Pepe Felly, il n’a personne pour le protéger. Il est alors immédiatement isolé par le quartet, et ne chante plus que deux à trois chansons par concert. Plus encore, Evoloko ne supporte pas le succès, l’organisation, la discipline et l’autorité de N’Yoka Longo. Après tout, celui-ci n’était pas vraiment connu lorsqu’Evoloko régnait sur Zaïko, au début des années 1970. Mauvais calculs, en effet : Evoloko décide encore une fois de quitter l’orchestre Zaïko, attiré par les promesses de Kiamuangana Verkys, et, une fois encore, Zaïko s’envole vers un succès sans précédent sans lui, car le quartet peut à nouveau s’exprimer sans l’ego ni les caprices d’Evoloko.
En 1981, alors qu’il domine encore une fois la scène musicale congolaise, Evoloko est impliqué dans une conspiration manigancée par Kiamuangana Verkys pour enlever les meilleurs éléments de Viva La Musica et Zaïko Langa Langa, et créer l’orchestre Langa Langa Stars dont Evoloko serait le meneur. On les appelle les sept patrons, et Evoloko devient le patron des patrons. Il se retrouve donc à la tête d’un des groupes musicaux les plus forts, mais aussi les plus éphémères de l’histoire de la musique congolaise : les Langa Langa Stars comptent en effet des musiciens tels que Dindo Yogo, Kisangani Espérant Djengaka, Djanana, Bozi Boziana, Roxy Tshimpaka, Djomali & Petit Cachet. Evoloko aurait exigé à Emeneya Kester de se raser la tête pour être recruté dans les Langa Langa Stars, sachant que sa marque de commerce était sa coiffure.
Ce groupe connaît un énorme succès, notamment avec les chansons Leya (Evoloko), Cherie Bakutu (Djomalie), Tantine Betena (Dindo Yogo), Solanga (Djanana), Tête africaine (Kisangani Esperant), La Minionna (Bozi Boziana), Requiem (Evoloko), Soleil Adiata (Evoloko), Parapluie (Djanana), Moyeke (Evoloko) et Péché Mortel (Kisangani Esperant).
Néanmoins, les Langa Langa Stars constituent un des épisodes les plus dramatiques de l’histoire de la musique congolaise. Evoloko, qui jadis dominait par son talent naturel de chanteur, auteur-compositeur et danseur, allait régner sur un orchestre qui lui était servi sur un plateau par Kiamuangana Verkys. Dès 1983, les patrons de Langa Langa Stars commencent un par un à quitter le groupe, alors que les groupes Choc Stars et Victoria Eleison dominent désormais la scène musicale kinoise avec Zaiko Langa Langa. L’épisode Langa-Langa Stars se termine donc avec le départ de Dindo Yogo pour Zaïko, et le fracassant départ de Djanana et de Djomali, deux inconditionnels d’Evoloko, pour le groupe Choc Stars, en 1985.
L’histoire se répète donc pour Evoloko. De 1986 à 1989, il s’emploie à sauver ce qui reste de Langa Langa Stars avec le recrutement de Mazeya, Coco Anana et de Dicky-le-roi. Evoloko chante Bedadi, Rose de Paris, Muana Ekanga, Doné, Fleure de Bangui et d’autres chansons, mais ses Langa Langa Stars sont à leur tour condamnés à disparaître, comme Isifi Melodia en 1978. Cette fois-ci, Evoloko s’exile en Europe, comme en 1978, après la dissolution d’Isifi Melodia, la pression étant énorme et pesant lourd sur Evoloko. Toutefois, le prévisible dénouement a été par ailleurs précipité par l’inexorable migration du marché de la musique locale congolaise vers Paris et Bruxelles, où Papa Wemba et Koffi Olomidé étaient déjà solidement installés. Cette migration, amorcée quelques années plus tôt par Franco Luambo Makiadi, avec des chansons telles que Mamou, Makambo ezali minéné qui relataient la vie loufoque des femmes zaïroises de Bruxelles, a été, par ailleurs, mise à profit par Papa Wemba et Koffi Olomidé, grâce aux chansons qui glorifiaient la vie de désœuvrement que menaient les jeunes Congolais vivant en Europe.
Installé à Paris, Evoloko n’a pas d’objectif clair. Néanmoins, il essaie d’y bâtir une présence : il collabore avec Souzi Kaseya pour sortir l’album Mbongé en 1989. Ce dernier connaît un succès considérable, mais Evoloko, en tant que vedette, a moins de succès que son propre album. Souzi Kaseya, qui en est le directeur artistique et promoteur, est plus orienté vers les musiques du monde, où Evoloko est un parfait inconnu. Ce dernier tente donc la stratégie qui avait réussi pour Papa Wemba. Mais la transition vers une musique qui glorifie le désœuvrement et la médiocrité s’est révélée difficile. Pourtant, c’est bien ce que les parisiens kinois attendent d’Evoloko. Alors, il chante avec le Ngatchié Strervos Niarcos et Papa Wemba lui-même dans l’album B-52. Mais toutes ces tentatives ne permettent pas à Evoloko de se bâtir une présence en Europe.
Evoloko appartient à la classe musicale du fiesta, un style rythmique très apparenté au rythme soul américain. On se souvient de la frappante similitude de ses mouvements de danse avec ceux du roi du soul, l’Américain James Brown, mouvements qui constituent le fondement de la danse Cavacha. Avec sa voix aiguë et limpide, très charmante, Evoloko est parvenu à créer toute une école. Ses pairs reconnaissent en lui un des pionniers et chefs de file de la musique africaine moderne, et la musique congolaise lui doit beaucoup.
Antoine Evoloko Bitumba Bolay Ngoy, alias Anto Nickel, Lay-Lay, Atshuamo, Tonton Bokulaka, Joker dit la carte qui gagne, Nkumu, Abrahama a depuis 2005, il a regagné Kinshasa et remonté son groupe. La mayonnaise tarde pourtant à prendre. L’homme a gardé deux mauvais souvenirs : le départ de ses collègues de Langa Langa Stars pour monter Les 7 Patrons et son incarcération à Makala pour un dossier de viol sur mineure (18 mois passés au centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa, CPRK. Il bénéficie d’une mesure de grâce signée le 18 Août 2009).
Avec JEAN-PIERRE EALE et https://fr.wikipedia.org/wiki/Evoloko_Jocker