Né à Léopoldville (Kinshasa) en 1940 au Congo-Belge, Jean BOKELO ISENGE alias ‘‘Johnny’’ fut guitariste-chanteur éclectique. On reconnaît en lui, une imagination mélodique prodigieuse, un phrasé délicieusement, un timbre d’une homogénéité inégalable.
On ne peut pas décrypter sa pétillante carrière sans évoquer le nom de son frère-aîné biologique Paul Ebengo “Dewayon auprès de qui Johnny Bokelo a hérité parfaitement beaucoup de choses sur le plan artistique.
Johnny a fait ses débuts en musique en 1958 avec son frère Alberto Basaba.
Bokelo ou l’âme de Conga Jazz
Avec la fermeture des éditions «Esengo» en 1962, le Conga Succès succède au Conga Jazz. C’est à la faveur de cette modification de nom qu’intervient de plein-pied, l’entrée dans le Conga succès du frère cadet de Paul Ebengo “Dewayon” : Jean Bokelo.
Jean Bokelo était déjà bien apprécié aux Editions « Loningisa » où il travaillait en studio avant d’enregistrer avec l’OK Jazz ses deux premiers grands succès et bestsellers de l’époque, “Makanisi makondi si ngai” et “Elongi na yo ya bo mwana”.
Les trois frères (Déwayon, Jean-José Lohota et Jean Bokelo) réunis commencent une nouvelle exploration instrumentale et sonore avant de se consacrer davantage à la recherche d’un équilibre orchestral basé sur le rythme traditionnel de la région du « Lac Léopold II » aujourd’hui “Maï Ndombe” (Région de Bandundu).
En 1968, Johnny Bokelo décide de faire cavalier seul. Il crée son « Conga 68 ». La première vertu de Bokelo est de présenter un grand orchestre plein de fouge, jouant avec une belle mise en place des arrangements simples qui combinent avec les conceptions des «Mwambe».
De plus en plus “Conga 68” apparait comme le carrefour d’époques et de styles. Son art d’une étonnante habileté, fait appel à une sensibilité qui lui a permis de perpétuer son règne au-delà des années 70.
Discographie éternelle
Sa discographie n’a pas été si riche en termes de nombre de disques mais il a marqué la musique à travers ses chefs d’œuvres de haute facture. On ne reconnait pas en lui la quantité mais beaucoup plus la qualité d’un meilleur auteur-compositeur de l’époque qui a écrit de belles chansons parmi les meilleures de l’histoire de la rumba.
Ce grand chanteur congolais n’a pas hésité, comme le faisait franco, à puiser dans le vaste répertoire des musiques du terroir pour personnaliser ses compositions.
Fort de sa pertinence en écriture musicale, BOKELO s’est illustré à travers ses chansons telles que «Tambola na Mokili», «Mwambe», «okosangai na libala», « Mbongo », « Sandoka », «Liwa ya Sinitra», «Bato ya bandoki» et tant d’autres. Toutes ces œuvres ont fait en son temps un grand succès.
Sur le plan scénique, Johnny Bokelo-Isenge fait la part belle à la rumba traditionnelle lors des bals organisés à Kinshasa au beau vieux temps.
Dans l’histoire de la musique congolaise on a rarement attribué le titre de classique à des chansons d’un musicien. L’une des figures et personnage central de la musique congolaise, Johnny Bokelo, a réalisé des exploits inédits dans l’univers musical en enregistrant des chansons qui, depuis plusieurs générations, sont inscrites dans les manifestes populaires au Congo, en Afrique et partout d’ailleurs.
La mort de Johnny Bokelo
La mort de Johnny Bokelo-Isenge est intervenue le 15 Janvier 1995 à Kinshasa après une longue et pénible maladie, alors qu’il n’avait à peine totalisé que 45 ans d’âge et une vingtaine d’années de carrière musicale.