Né le 24 décembre 1952 à Kinshasa, République démocratique du Congo.
De son vrai nom Laurent Nyboma Mwan Dido, originaire de Nioki dans le Bandundu (République Démocratique du Congo), c’est dans le chœur de l’église chrétienne, qu’il se fait remarquer par sa voix angélique, inspiré par les musiques liturgiques, pour leurs couleurs harmoniques.
Une fois à Kinshasa, où sa famille s’installe, et au contact avec les musiques modernes, Nyboma va atteindre sa maturité musicale. A l’aise aussi bien dans Baby National de Freddy Mulongo, son premier groupe en 1969, comme dans Super Monsinzo, suivi de Negro-succès, peu de temps avant la disparition de son célèbre guitariste Bavon Marie-Marie.
En 1970, Nyboma rejoint les frères Soki de l’orchestre Bella-Bella, alors membre de l’écurie Veve de Verckys Kiamuangana. Il se fait remarquer par les compositions « Lili », « Pete tosi tolata » et « Mbuta ». Il est même rejoint momentanément par Pepe Kallé pour parfaire quelques enregistrements.
Le départ, de l’orchestre Bella-Bella de l’écurie Veve, contraint Nyboma à rester aux côtés de Kiamuangana, et à la tête d’une nouvelle formation du nom de « Lipua Lipua ». Sa grande prestation dans ce groupe lui fait gagner successivement en 1973 et en 1974 le prix de meilleur chanteur de la musique zaïroise. Très doué, on lui reconnait une personnalité sonore très particulière : un timbre encore plus aéré et une vigueur qui l’apparente au géant caribéen de la salsa : Monguito.
Lipua-Lipua était le titre d’une chanson composée par Mulembu lorsqu’ils étaient dans le Bella-Bella. Lipua-Lipua, c’est comme ça qu’on appelait les jeunes filles infidèles. Aujourd’hui la jeune fille sort avec toi et demain tu la retrouveras dans les bras de ton camarade. Ils étaient donc des Lipua-Lipua parce qu’ils avaient pris la décision de quitter l’écurie Vévé. Verckys leur avait demandé de trouver un autre nom parce que Lipua-Lipua était sa marque déposée. A l’époque, il fallait aller légaliser le nom des orchestres à l’hôtel de ville et Verckys avait devancés parce qu’ ils avions pas cette information. C’est grâce aux conseils de Simon Lungela (Journaliste à la RTNC) qui leur a dit que le nom Lipua-Lipua est sorti d’une de leurs chansons. Au lieu de passer le temps à discuter sur ce nom, prenez le nom de Kamalés (le titre d’une de vos chansons) comme dénomination de votre nouvel orchestre.
Les chansons à succès étaient : Amba, Mwaluke, Ayidjo, Ditutala, Niki Bue et bien d’autres encore.
Parmi les musiciens qui composaient le Lipua-Lipua il y avait : Rickos Tonton (Guitare solo), Mulembu (chant), Assossa Tshimanga (chant), Barly Barliento (guitare basse), Bisikita Piet (Accompagnement). Ce dernier était remplacé par Mombassa Vata parce qu’il était suspendu par Verckys pour une durée de six mois. Mécontent, il est allé monter l’orchestre Makosso.
En 1975, Canta Danos Nyboma rompt avec son producteur Verckys Kiamuangana Mateta et monte l’orchestre Kamalé, produit par les éditions « Fuka-Fuka. L’orchestre édite son premier disque 33 tours, dominé par la chanson « Amba ». Ce disque plein de fougue rend enfin justice à la période la plus explosive de Nyboma. « Les Kamalés », hélas ! N’iront pas très loin dans l’aventure nationale.
Les Kamalés est un nom d’origine malienne. C’est en Bambara, un des dialectes parlés dans ce pays. Kamalé en Kimbara signifie un ami intime.
L’aventure internationale
1978, Nyboma est à Abidjan où il a rejoint les enfants terribles de l’African All stars composé de Bopol Mansiamina, Wuta Mayi, Siran Mbenza, Lokasa ya Mbongo, sous la direction de Dizzy Mandjeku. Il prend la place de Sam Mangwana qui a rejoint Paris. C’est le début d’une période de gloire. Un succès va marquer cette époque ; la chanson « Doublé Doublé ». Un éclatant témoignage du génie de Nyboma dans les rôles conjugués d’arrangeur, de soliste, et de compositeur. Cette belle chanson est passée longtemps au rang des classiques. Puis, c’est Paris qui accueille une formation réduite de l’African All stars sous l’appellation ; « Les 4 étoiles du Zaïre » (Wuta-Mayi, Siran Mbenza, Bopol Mansiamina et Nyboma)
A la tête des « 4 étoiles du Zaïre », dans les années 1990-2000, Nyboma sillonnera, l’Europe, les USA, Les Antilles, l’Afrique, recueillant partout un accueil considérable. Notamment, sur la base du genre rythmique « Soukous ».
La rencontre en 2001 à Paris, avec le guitariste soliste émérite, Antoine Nedule « Papa-Noël », aboutit à une entente avec les 4 étoiles du Zaïre et autres têtes d’affiches comme Loko-Massengo, Bumba-Massa… pour donner naissance à l’Orchestre Kekele. Et avec comme objectif la réhabilitation de la rumba originale.
L’un des plus fameux chanteurs auteurs-compositeurs congolais, en raison de son maniement exceptionnel des mots et du timbre, Nyboma a abordé avec succès plusieurs genres musicaux et a participé avec brio dans plusieurs enregistrements discographiques de haut niveau.
Madilu est celui qui avant de mourir a signé avec lui, son dernier album : « La bonne humeur » dans lequel, Nybona s’est placé largement au dessus du panier de crabes de la chanson congolaise.
Installé depuis plusieurs années dans la région parisienne, Nyboma participe à la vie musicale de la diaspora, au sein du groupe Kekele, et dans bien d’autres réalisations discographiques auxquelles il est intimement associé.
C’est l’unique voix congolaise qui a su s’adapter aussi aisément dans tous les styles qui ont marqué la musique congolaise dans les années 70, au sein des groupes faisant partie de l’écurie Veve. Mais, Nyboma a su rester au top de sa forme en intégrant tous les courants musicaux des années 80 aux années 2000, avec comme ambition ; jouer le rôle primordial dans la réhabilitation de la rumba originale.
Canta Nyboma a surtout le mérite d’avoir chanté avec les plus grands noms de la musique congolaise de tous les bords. Il est un de ces poètes tendres et paumés dont le timbre de la voix est absolument incomparable. Auteur compositeur, arrangeur d’une méthode de composition d’un intérêt pédagogique considérable, Nyboma a su faire l’unanimité de tous les « rumberos ». Ne cherchant jamais à s’imposer par des artifices, exigeant envers la chanson et envers lui-même, il mérite également, d’être écouté avec plus d’attention et de trouver un public plus large.
Il a été récompensé au mois de décembre du « Prix national de mérite de la culture et des arts » (PNMCA) par le gouvernement congolais.
Avec Clément Ossinondé