Ferdinand Nsimba Makiesse, plus connu sous le nom de scène Jules Kibens, est une figure singulière de la musique congolaise, alliant la rigueur de l’art plastique à la poésie de la rumba.
1. Les origines et la naissance d’un surnom
Né le 31 août 1966 à Mangembo (territoire de Luozi, province du Kongo Central), Ferdinand grandit avec une fibre artistique prononcée. Son célèbre surnom, « Jules Kibens », est chargé d’histoire familiale : il lui vient d’une chanson qu’il interprétait en hommage à son grand frère, résidant en Europe et portant ce nom. Ce clin d’œil musical deviendra son identité publique pour la postérité.
2. Un Cursus académique brillant : L’artiste peintre
Avant de briller sur les scènes musicales, Jules Kibens s’est distingué par ses talents de dessinateur. Après avoir obtenu son Diplôme d’État à Luozi, son talent attire l’attention du Professeur Kinzonzi, qui le parraine pour intégrer la prestigieuse Académie des Beaux-Arts de Kinshasa.
Il y réalise un parcours exemplaire, décrochant son diplôme de Graduat en Arts Plastiques et Peinture avec la mention distinction. Ce diplôme lui sera remis par une légende de l’art congolais, le célèbre sculpteur et peintre Maître Liyolo.
3. Les Débuts Musicaux et la Rencontre avec le Destin
La musique berce Ferdinand dès l’enfance grâce à son oncle, Makitu Cherrif (musicien de l’orchestre Tuzaïna et ami du soliste Roxy Tshimpaka de Zaiko Langa Langa).
Cependant, c’est durant ses années étudiantes que tout s’accélère :
* L’Orchestre de l’Académie : Il intègre le groupe de son école où évolue Fiancé Malu, le petit frère de JB Mpiana.
* L’Orchestre de Quartier : Il joue également dans un groupe de la commune de la Gombe, vers l’hôtel Royale.
Le destin frappe à sa porte par un hasard romantique. JB Mpiana, alors star montante, fréquentait une jeune femme nommée « Aku » qui habitait la même avenue que Kibens. Lors des visites de JB (souvent accompagné de Werrason) à sa fiancée, Fiancé Malu saisit l’opportunité pour présenter Jules Kibens à JB Mpiana. Une amitié immédiate naît avec les têtes d’affiche de Wenge Musica.
4. L’Homme de l’Ombre et le « Parolier Privé »
Malgré cette connexion, les chemins se séparent temporairement. Kibens privilégie ses études et sa carrière professionnelle. Il s’installe à Brazzaville où il travaille dans le secteur de la communication. Cependant, il ne coupe jamais le cordon musical : il œuvre dans les coulisses comme parolier privé de JB Mpiana, affûtant sa plume pour le leader de Wenge.
5. Le Retour à Kinshasa et l’Intégration Officielle
La guerre civile de 1997 au Congo-Brazzaville (opposant Denis Sassou Nguesso à Pascal Lissouba) bouleverse sa vie. Ayant tout perdu dans le conflit, Kibens retourne à Kinshasa.
Fidèle en amitié, JB Mpiana lui offre l’hospitalité dans sa propre maison. Durant cette période de cohabitation, alors que Wenge Musica 4×4 est encore uni, Kibens renforce son influence. Il joue le rôle de recruteur de talent, amenant vers JB des musiciens clés comme Sunda Bass et Alba compa.
C’est finalement en 1997, après six années de travail dans l’ombre, qu’il intègre officiellement l’orchestre Wenge BCBG.
🎵 Son Répertoire au sein de Wenge BCBG
Jules Kibens s’est distingué par une voix haute et claire, ainsi qu’une plume mélancolique et poétique. Voici ses contributions majeures (liste non-exhaustive basée sur sa carrière chez BCBG) :
Ses Compositions (Auteur-Compositeur) :
* « La Vérité Blesse » : Présente sur l’album culte Titanic (1998). C’est sans doute sa chanson la plus célèbre, un chef-d’œuvre de rumba mélancolique qui a assis sa réputation de grand compositeur.
* « Micky Djo » : Une belle composition présente sur l’album Internet (2001).
* « Dis-moi mon amour » : Souvent associée à son style romantique.
Ses Interventions Vocales Notables :
Jules Kibens était un chanteur polyvalent, souvent utilisé pour les chœurs, mais aussi pour des parties solos poignantes. Il a participé activement aux albums phares de l’orchestre :
* Titanic (1998)
* TH (Toujours Humble) (2000)
* Internet (2001)
Son background de peintre se ressentait dans sa manière de composer : il peignait des tableaux avec des mots, faisant de lui l’un des intellectuels de la musique congolaise de sa génération.
RGL