Né le 17 septembre 1931, l’artiste quitte la terre des vivants, léguant aux mélomanes tout son vieil et alléchant répertoire qui a fait l’apothéose de la scène musicale congolaise dans les années 50-60-70.
Chanteur à la voix soprano, KUKA Mathieu a commencé sa carrière en 1952 au sein des éditions Ngoma de l’Editeur grec Nico Jeronimidis. De 1952 à 1953, renseigne-t-on, le chanteur a évolué aux côtés de l’organiste Raphaël Kabangu, puis du guitariste Guy Léon Fylla.
En 1962, il intègre l’orchestre Vox Africa de Jeannot Bombenga (première formule) avant de composer, en 1963, avec Joseph Kabasele à la suite du départ massif de ses musiciens pour former l’African Jazz (nouvelle formule). Parmi ses compagnons de l’époque, on retrouve quelques figures de prou qui ont marqué la deuxième génération des pionniers de la rumba congolaise tels que Kabasele, Bombenga, Rolly Nsita, Alexis Miekuta, Kambite «Damoiseau», Nedule «Papa Noël», Pierre Kiyika « Flamy », Casimir Mutsipule «Casino», etc.
Parmi les grands succès de cette période, on peut citer les compositions : «Mbombo wa Ntumba », « Nzambe Mungu », « Semeki semeki » et la célèbre chanson « B.B 69 » qui est la plus grande réussite de la carrière de Kuka Mathieu.
Editée en 1969 au sein de l’orchestre African-Jazz, nouvelle formule, «B.B.69 » reste, particulièrement, une des ses meilleures écritures. Ce tube a été même à la base d’une forte confusion, à l’époque, parce que beaucoup de gens ont pensé que l’artiste aurait dédié cette chanson à la célèbre actrice française Brigitte Bardot. Or, il s’agit d’une simple coïncidence d’initiales. Sur le plan purement artistique, «B.B. 69» figure parmi les chansons mythiques congolaises dont l’orchestration continue à inspirer jusqu’à nos jours les musiciens de la nouvelle génération.
On retiendra que 1970 est l’année au cours de laquelle Grand Kalé s’est installé en France pour former avec Manu Dibango, Gonzalo, Essous et autres, le groupe « L’African team ». Ainsi, Mathieu KUKA prendra la direction de l’orchestre Volcan ni beto ba où il va évoluer pendant une année jusqu’à se diluer de la scène.
Après une longue éclipse, le chanteur va de nouveau renouer avec la scène comme un véritable artisan de la reconnaissance de l’identité musicale de l’Ecole African Jazz. En 1990, il crée le groupe African Ambiance» qui sera constitué en majorité des anciens musiciens du Clan African Jazz.
A 86 ans d’âge, Mathieu Kuka s’en va après avoir servi et défendu avec brio la musique congolaise pendant 65 ans de carrière musicale qui l’a si bien conduit et promu sur plusieurs scènes en RD.Congo et à l’extérieur du pays. L’artiste, dit-on, ne meurt jamais. Ce père de la rumba restera toujours immortel à travers ses chansons qui continueront à peindre la société congolaise.
Jordache Diala