Né le 30 décembre 1955 à Loukoutou Manzanza, au Congo Belge province de l’Equateur, Théodore Djangi Zabondo.
Il fit des très brillantes études primaires au pensionnat de Boyange (un internat d’élite à 40km à l’est de Lisala) dans les années 1963-1967. Déjà apprécié pour la chaleur de sa voix, pré-chantre de la chorale. Suites à la rébellion qui secoua le pays, la famille s’établit à Kinshasa. Dindo a commencé à jouer au football avec les jeunes de son quartier, Yolo (à l’époque on l’appelait Abou Gahysha).[1]
Ainsi, Il sera inscrit au collège Bobobo (ex-Roi Albert 1er) où, très intelligent, il fit de brillantes études secondaires. Mais la passion de la musique le détournera des études. Il entamera une carrière professionnelle dès 1973-1976 en intégrant l’orchestre « Les Macchis » en compagnie de Théo Lolango et du soliste Nseka Biwela dit « Huit Kilos ». Très tôt, Théo Djangi se distingue par ses interventions vocales dans les chansons comme « Chérie Youna » de Théo Lolango et « Etumba na nguaka » dont il est l’auteur et « Lola muana ».
En 1975, auréolé de quelque succès, Dindo Yogo quitte « Les Macchis » pour créer « Etumba na Nguaka » avec son ami Huit Kilos. L’aventure ne fait pas long feu et l’artiste est contrait de retourner dans « Les Macchis » en 1977. Avant d’aller passer quelques temps à Brazzaville en République du Congo au sein d’une formation musicale dénommée « Masano ».
En 1978, il fit une demande d’emploi dans l’orchestre Viva la Musica de Papa Wemba.
En 1981, Dindo Yogo va quitter l’orchestre Viva la Musica pour rejoindre, comme l’un des 7 patrons de Langa-Langa Stars, Evoloko Atshwamo Jocker, Djuna Djanana, Mbenzu Ngamboni Bozi Boziana, Bolenge Djo Mali, Kisangani Espérant, et d’autres, avec lesquels il travaillera de 1981 à 1984. Tshimpaka Roxy rejoindra le groupe en 1982.
Les chansons Solanga (Djanana), Bakutu et Bakutu bis (Djo-Mali), Mace femme africaine (Bolenge Djo Mali), Tête africaine (Kisangani Espérant), la Migonne (Bozi Boziana), Ata pneu ya reserve (Bozi Boziana), Avenir Mbeya Mbeya , Tantine Betena (Dindo Yogo), Parfum na Ngai (Djanana Wampanga), Autopsie Beloti (Kisangani Espérant), voilà les chansons qui seront lancés sur le marché zaïrois du disque d’octobre 1981 à février 1982 et qui feront le succès triomphal de cet orchestre sur la difficile scène musicale zaïroise.
Dès le retour d’une tournée triomphale en Europe de l’automne 1982 jusqu’à janvier 1983 les défections s’enregistrèrent dans Langa-Langa stars. Toutes les anciennes têtes d’affiche (dits les patrons) reprochaient à Evoloko Jocker sa tendance à l’autoritarisme et à l’autoproclamation en chef du groupe (contre l’esprit d’association des « patrons » qui était au départ de la création du groupe et de la mise en commun de ces grosses pointures de la musique zaïroise du moment). Kisangani Espérant rentrera en Europe en avril 1983 et les autres « patrons » désertaient le groupe n’y laissant que Dindo Yogo, Djuna Djanana Wampanga et Evoloko Atshwamo Jocker. Djanana rejoindra les Choc Stars de Ben Nyamabo en juillet 1985. Dindo part pour Zaiko Langa Langa vers fin 1984 début 1985. Leya d’ailleurs tentera d’imiter la voix cassée de Dindo Yogo parti à son tour en fin 1983. « Nzembo Elengi » est la dernière chanson de Dindo Yogo dans Langa-Langa Stars avant qu’il s’en aille à Zaiko.
Zaiko Langa-Langa, la stabilité
Dindo Yogo a integré Zaiko en 1984 pour pallier à l’absence de Likinga Redo jusqu’à son départ en 1991.
En 1988 l’orchestre Zaiko va connaître une scission, une partie du groupe composée de Jp Buse, Lengi-Lenga, Bébé Atalaku, Béniko Popolipo, Djimmy Yaba, Petit Poisson, Bakundé Ilo-Pablo, Yvon Kamamba et Manzeku Djerba vont fonder Zaiko Langa-Langa Familia-Dei.
Dindo Yogo va rester dans Zaiko Langa-Langa, en compagnie de Nyoka Longo, Matima Mpiosso, Belobi Meridjo, Gilbert Benamayi, Oncle Bapius, Zamwangana Enoch et Nono Monzuluku. Dindo est alors chef d’orchestre ; Jossart étant président, les deux leaders vont engager de nouveaux musiciens.
Mais, très sollicité par des «Nzonzig », (enregistrement pirates en compagnie d’artistes indépendants), Dindo prête sa voix mélodieuse à des titres qui font tabac. Comme « La vie hétérogène ». L’affaire dérange Jossart Nyoka qui se sépare de son génie musical.
L’auteur de « Tantine Betena » (Langa Langa Stars) décide alors d’exhumer son « Etumba na Nguaka », en optant pour une nouvelle dénomination légèrement modifiée, « Nguaka Aye ». Comptent parmi ses musiciens, son fils aîné, Lola, devenu adulte, qui fait duo avec lui. Mais le succès refuse de répondre aux rendez-vous du nouvel ensemble. Dindo se voit contraint aux navettes Kinshasa-Paris pour survivre, et réalise des featurings avec certains de ses homologues comme Reddy Amisi, etc.
Bangui, le succès et l’enfer
Vers fin 1989, un mécène en la personne de François Katuala, ancien de l’Université Nationale du Zaïre installé depuis plusieurs années à Atlanta aux Etats-Unis et travaillant pour le compte l’USAID, fut missionné pour superviser la conférence des « Wali Gala » (entendez : femmes commerçante en langue « sango ») à Bangui. Ce compatriote rencontrera Desi Mamele, un coproducteur de concerts. Avec la collaboration de ce dernier, François Katuala invitera Zaïko Nkolo Mboka à se produire à Bangui. La délégation de l’orchestre traversa le pool malebo pour prendre un vol sur la capitale de la RCA à l’aéroport de Maya-Maya.
Quatre concerts furent livrés au total, en commençant par le célèbre « Le Punch Coco », un dancing bar de la place qui se vit débordé de monde. Dindo y récolta un succès fou, éprouvant d’incroyables difficultés à rejoindre le groupe de ses collègues après chacune des productions de l’orchestre. Le scénario se répéta partout où Zaïko Nkolo Mboka se produisit, en ce compris à Zongo, un territoire zaïrois situé en face de Bangui à l’autre rive de la rivière Ubangi, où les « Zekete-zekete » étaient invité à une réception de famille.
L’enfer
Toutefois, il sied de révéler qu’en dépit de tous les succès récoltés par Yogo et l’orchestre Zaïko Nkolo Mboka sur la terre du président Kolingba à l’époque, cette tournée s’est clôturée sur une note discordante. Après Zongo, la délégation kinoise avait regagné Bangui très tôt le matin du samedi car, devant prendre l’avion à 14h30 pour atterrir à « Maya-Maya » à Brazzaville avant de rejoindre Kinshasa le dimanche[2].
Incident malheureux à quelques minutes du départ de Bangui : tous les effets de la délégation, les sacs et autres bagages, étaient confisqués sur ordre du directeur général du Novo Hôtel où le groupe avait été hébergé. Condition de restitution et de libération paiement total des frais d’hôtel évalués à plus de 222.000 Francs CFA.
Le mécène, François Katuala, avait décliné toute responsabilité pour des raisons de mésentente avec un responsable de Zaïko. Cette nuit-là, c’est grâce aux bons offices d’un homme d’affaires zaïrois de la place, que la délégation put trouver à se loger, dans une chambrette d’un hôtel de fortune enfoui dans la cité de Bangui.
Dindo Yogo, chef d’orchestre, en fut plus qu’abattu. Au comble de la déception, il confia à un journaliste qui avait accompagné l’orchestre que « Bangui, c’est le pire des voyages que j’aie vécu …, c’est l’enfer ! ».
Pour échapper à la furie du DG de Novo Hôtel, les musiciens durent quitter Bangui nuitamment, traversant à même des pirogues la rivière Ubangui, grâce à la sollicitude de compatriotes trouvés en RCA. De Zongo, de l’autre côté de la rivière, ils gagnèrent Gemena à bord d’un véhicule avant de prendre un avion affrété par Moleka Albert pour Kinshasa.
Discographie épatante
Depuis « Les Macchis » à Zaïko Langa Langa en passant par Viva La Musica et Langa Langa Stars, la voix cassée de Dindo Yogo a épaté et attiré l’admiration de plusieurs milliers des mélomanes qui l’ont adopté tant au pays qu’à l’étranger. Parmi les œuvres de l’artiste inoubliable, on peut citer : Lola muana, sa composition dans Les Macchis, Chérie Youna de Théo Lolango dans ce même orchestre (1973-1974), Sina nduku, (Viva La Musica), Tantine Betena, Mangasa, Azanga, Nzembo Elengi, Baya mbangu baleka (Langa-Langa Stars) ; Mokili echanger 1ère version, Baniongo ekeseni, Liwa yo moyibi, Mokili echanger 2ème version (Nguaka Aye), Nzembo elengi. Mais on retrouve également l’inimitable voix Yogo dans Beloti (Viva La Musica), Femme africaine (Langa Langa Stars), Kabobo, Anzela Mamu et tant d’autres dans Zaïko. Dindo a aussi pris une part remarquable dans « Présence Luzolo » de Nzaya Nzayadio, en featuring avec Ya Lengos, Kester Emeneya et Likinga, sortie en 1985 aux éditions Don Das.
La fin d’une carrière bien remplie
Son fils Lola Mwana qui avait rejoint l’orchestre de Dindo en 1996 le quittera trois ans plus tard, en 1999-2003, pour l’orchestre Quartier Latin International de Koffi Olomide. Ce départ n’empêchera toutefois pas le père et le fils de continuer à réaliser des duos ensemble. Le 23 août 2000, il décède à l’âge de 45 ans[3].
Il est sans nul doute l’un des artistes-musiciens qui font partie du patrimoine culturel congolais.
[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Dindo_Yogo
[2] https://lemaximum.cd/bientot-17-ans-dans-lau-dela-dindo-yogo-la-voix-cassee-la-plus-adulee/
[3] https://www.adiac-congo.com/content/les-immortelles-chansons-dafrique-clara-de-dindo-yogo-125358