Biographie de Strervos Niarcos Mukaravia Eddie-Barra

De son vrai nom, Adrien Mombele Samba N’gantshie Strervos Niarcos Mukaravia Eddie-Barra Niarka Kouroubio, Papa na Mathy Gianni Versace. Il est né le 31 mai 1952 à Léopoldville-Kinshasa a grandi à Matonge. Son père fut ministre de l’éducation dans le gouvernement Lumumba. Son père Pierre Mombele était le président de l’Union des Bateke (Unibat) et a participé à la Table ronde de Bruxelles en 1960. Un notable, donc, qui habillait ses enfants dans les boutiques chics du centre-ville. “On menait une vie de pachas”, se remémore le grand-frère en mangeant un poulet grillé face au stade Tata Raphaël où Mohamed Ali terrassa George Foreman en 1974. Ancien maire adjoint du quartier, Papa Frédéric raconte qu’Adrien avait choisi une autre voie : “Il était colérique, peu motivé pour les études mais l’un des meilleurs footballeurs de Matonge.” Papa Wemba, l’un des grands musiciens congolais qui a grandi à quelques rues, se souvient : “Pour aller à la messe le dimanche, on se sapait à qui mieux mieux. Mais Adrien sortait de l’ordinaire, il faisait le contraire de tout le monde au quartier, il était turbulent. Il avait le goût des beaux habits et des belles filles.” Goût qui ne le lâchera pas, pas plus que celui de la baston. Alors qu’il est typographe dans l’imprimerie de son père, des démêlés avec la police lui imposeront l’exil pour préserver ses proches.

Il avait notamment plaidé pour que les Bateke qui avaient été déplacés de Kingabwa puissent avoir un quartier où s’installer. On donna son nom au quartier Mombele à Limete et à l’avenue Mombele.

Petit fils du Roi Ngaliema, roi de Bateke de la RDC, Niarcos était plus connu pour ses exploits dans la société des ambianceurs et des personnes élégantes, une espèce de religion dont il était considéré comme le ” pape ” avec autour de lui ses disciples ou acolytes, les ” prêtres ” et ” grands prêtres”. La religion Kitendi prône l’élégance et la propreté, mais une élégance vraiment prestigieuse.

Niarcos aimait bien des habits coûteux et des voitures hors-séries. Dans une interview, le Nkaka de Ba Nkaka Koko Waya, un de ses grands amis avait déclaré que depuis son jeune (15 ans), Niarcos roulait dans la voiture de marque Impala que le gouvernement congolais offrait à ses ministres.

C’est en 1977, âgé de 25 ans, qu’il débarque à Paris. De toute sa vie, il ne remettra que deux fois les pieds à Kinshasa. La distance a sans doute beaucoup participé à la mythologie kinoise autour de son nom. En France, Niarcos loge dans des logements bling-bling ; sort beaucoup dans les boîtes africaines, toujours vêtu de marques et aime se déplacer en Porsche.

Il fut d’ailleurs le premier à amener la voiture Porsche à Kinshasa. Il sied de signaler que les jeunes du Congo Brazzaville étaient les premiers à s’inspirer de ce mouvement avant qu’il ne devienne une idéologie.

Quand il rentre au pays en 1989, ce sont des motards qui l’escortent depuis l’aéroport jusqu’à La Voix du Zaïre où il donne sa première interview. Dans sa malle : des vestes Jitrois, des pantalons Issey Miyake, des pompes Weston… Comme lors de son second séjour en 1991, il n’oubliera jamais de traverser le fleuve : Niarcos, dont une des chansons s’intitule Les États-Unis d’Afrique, plaidait aussi pour la réunion des deux Congo.

Hors mis ses exploits dans le domaine de la sape, Niarcos s’est révélé comme un véritable auteur-compositeur. Déjà jeune, Niarcos fredonnait quelques airs et aimait beaucoup chanter. Ce talent va exploser lorsqu’il fera la rencontre des artistes musiciens de notre pays, à l’instar de Papa Wemba, Bozi Boziana, Evoloko Jocker et j’en passe. Il lance la chanson «Toutou» qui sera interprétée avec succès par

 

le grand-père Bozi Boziana avec l’orchestre Zaiko Langa-Langa.

Un grand prêtre du nom de José Kadima Kula Mambo Mvuatu Kumvuata, originaire de Kwamutu et vivant à Kinshasa avait aidé Niarcos à s’embarquer mystérieusement à bord d’un avion en destination du vieux continent alors qu’il était recherché pour des accusations graves qui pesaient contre lui. Les deux hommes étaient liés par une amitié sincère et sans faille. L’aîné et le cadet s’affichaient ensemble dans les rues de Kinshasa. Le premier avait tracé la voie et paufiné la religion que le second par ses extravagances avaient porté dans les nues. Kula Mambo est mort au début du mois d’avril 1985 et a été enterré au Cimetière de Kintambo. La nouvelle de son décès a résonné comme un coup de tonnerre, une foudre qui a frappé les oreilles de Niarcos. En signe de reconnaissance, N’gantshie lui dédia la chanson « Nostalgie personnelle ».

Kula Mambo et Niarkos
Kula Mambo et Niarkos

Selon ceux qui l’ont connu, Kula Mambo habitait Kintambo. Il fut un vrai yanké et un sapeur à sa manière. C’est d’ailleurs lui qui prêtait ses habits au Ngantsie lorsque celui-ci était encore à Kinshasa. Niarka lui vouait un respect et une admiration sans faille. Pour certains c’est lui, Kula Mambo, qui est à l’ origine de l’idéologie de la sape entraînant son cadet dans son sillage. Le grand-prêtre est à la fois père spirituel et mentor de Niarcos.  Ce dernier n’est que le continuateur de cette religion qu’il a autrefois créée et qui deviendra plus tard la sapologie. 

Kula Mambo avait refusé l’offre de Niarcos de venir vivre en Europe. Il a toujours vécu à Kinshasa faisant parfois quelques escapades à Brazzaville. Grand viveur et ambianceur invétéré, il avait côtoyé les artistes-musiciens.

Kula Mambo et Niarkos2
Kula Mambo et Niarkos2

En 1987, grâce au label Américano Production il lance l’album « Dernier coup de sifflet », un album qui a connu un franc succès et qui a bénéficié de la collaboration de Bozi et de Papa Wemba au chant.

Il ne s’arrêtera pas là, car il va allonger la liste de ses compositions avec « Kinshasa-Brazzaville », « Kinshasa village natal », « Proclamation », « Matebu », « Epaka », « Chérie Ade », « Besange », « Koseka », « Champs Elysées », « Kouroubio », « Bateke ».

Gianni Versace est la fille unique de Stervos Niarcos. Chantée par les grands musiciens congolais amis de son père, elle vit aujourd’hui à Asnières.

Gianni Versace se recueille devant la tombe de son père, Stervos Niarcos.
Gianni Versace se recueille devant la tombe de son père, Stervos Niarcos.

Strervos Niarcos a vécu entre Kinshasa et l’Europe. Il est décédé le 10 février 1995 à Paris à l’âge de 42 ans, à Hôpital Salpêtrière alors qu’il était détenu à la prison française de Fresnes. “Il était narcotrafiquant, admet son grand-frère. Notre maman est décédée le 4 janvier de cette année-là. On n’aurait jamais dû le lui annoncer en prison. Quand il a appris la nouvelle, il a transpiré d’un coup, un nerf a cédé. Il n’a pas survécu.”

Chaque année au mois de février, les sapeurs de tout bord, Kinshasa, Brazzaville et Matadi se donnent rendez-vous au cimetière de la Gombe à Kinshasa pour commémorer l’anniversaire de leur idole.

Les Quatre points de la sape: “1. On naît sapeur puis on ne fait que s’améliorer. 2. Tu ne décevras jamais la Sape quelles que soient les conditions. 3. Tu respecteras la Sape comme ton père et ta mère. 4. Tu mourras sapeur comme l’a fait Grand Prêtre Stervos Niarcos.”

Avec Zéphyrin Kirika Nkumu Assana
Source mboka mosika

 

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