né le 16 décembre 1930 à Matadi, ville portuaire (aujourd’hui en RDC), l’année même de la première grève des marins congolais.
Peu après sa naissance, ses parents s’installent à Kinshasa où le jeune Kabassélé fait des études primaires et secondaires. La musique a toujours joué pour Kabassélé un rôle important. Très jeune, il fait partie des chorales paroissiales. A 19 ans, il s’engage totalement dans la chanson, anime les séances publiques, les fêtes de quartier et veillées mortuaires puis est engagé dans l’OTC (Orchestre de Tendance Congolaise) de Georges Doula et sort ses premières oeuvres et succès Chérie Loboga, Para Fifi...
En 1953, Joseph Kabasélé fonde l’orchestre de rumba congolaise et de cha-cha-cha, African Jazz, avec lequel il va révolutionner la musique congolaise, électrifiant la rumba congolaise. Il est alors entouré d’Albert Taumani (maracas, chœurs), Kabondo (guitare acoustique), Lucie Eyenga (voix, chœurs), Tino Baroza (guitare électrique), Isaac Musekiwa (trompette) et Mwena (contrebasse). Ils sont ensuite rejoints par le compositeur et guitariste virtuose Nicolas Kasanda aka Dr Nico … Il écarte la rumba piquée, la mazurka et autres danses à la mode et opte désormais pour la rumba, la samba. Il est aussi le premier musicien à introduire les tumbas, les trompettes et instruments électroniques dans son groupe. Dans ce célèbre orchestre, il fait venir un jeune chanteur qui deviendra rapidement célèbre, Tabu Ley Rochereau. Jusqu’en 1963 Grand Kallé et l’African Jazz figurent parmi les artistes les plus populaires d’Afrique.
Chef d’orchestre, chanteur, compositeur, impresario, sa personnalité ne cesse d’évoluer. Il crée en 1960 sa propre maison de disques, Surboum African Jazz, qui devient un véritable tremplin pour les musiciens du nouveau courant musical congolais et envoie les meilleurs orchestres enregistrer dans les meilleurs studios de Bruxelles. Il est la première vedette africaine à se produire en Belgique et ce, à l’occasion de la fameuse Table ronde au cours de laquelle devait se décider l’avenir de l’ex-Congo Belge.
A partir de 1960, le ton et le son changent : Kabasselé s’est métamorphosé en artiste engagé, lumumbiste. Lors de la fameuse Table ronde, il crée Indépendance Chacha, un des plus grands succès de la musique africaine, ainsi que Bilombe ba gagné (Les meilleurs ont gagné), Lumumba, Congo se ya biso… Lors du sommet de l’OUA à Kinshasa en 1967, Kabassélé offre à chaque d’Etat présent, un 45tours renfermant une chanson-hommage à son pays.
Formation pépinière, L’African Jazz a accueilli, au fil des ans, de nombreux artistes comme les guitaristes Charles Mwamba « Dechaud » (frère de Dr Nico ), Tino Baroza, Papa Noël et Casimir Mutshipule « Casino », les bassistes Albert Taumani, Joseph Mwena et Armando Moango Brazzos, les percussionnistes Antoine Kaya aka Kaya Depuissant, Baskis et Petit Pierre Yantula, le batteur Charles Henault, les saxophonistes Isaac Musekiwa et André Menga, le trompettiste Dominique Kuntime dit « Willy », les vocalistes Tabu Ley Rochereau, Joseph Mulamba aka Mujos Mulamba, Jeannot Bombenga, Mathieu Kouka, Paul Mizele, Pamelo Mounk’A ou encore Sam Mangwana…
Mais son engagement pour la paix et l’unité africaine n’a pas été compris, surtout après la mort de Patrice Lumumba. Abandonné en 1963, après une tournée triomphale en Afrique de l’Ouest, par tous ses musiciens qui sont allés formés l’African Fiesta, Kabassélé est traqué et surveillé de toutes parts. Il s’exile alors à Paris où il crée l’orchestre African Team aux côtés de talentueux musiciens tels que Manu Dibango, Jean Serge Essous… mais l’expérience tourne court. Kallé se retrouve seul, sans orchestre, sans fortune, séjourne un peu partout en Europe et dans plusieurs capitales africaines, retourne au Zaïre mais de nouveau déçu, retourne en France. Il finit par revenir à Kinshasa où il meurt à l’âge de 52 ans.
Avant sa disparition le 11 février 1983 à Kinshasa dans un total dénuement, Joseph Kabasélé a formé, comme professeur de chant, de nombreux jeunes talents comme Pépé Kallé…
Le 11 février 1983, s’éteignait à Kinshasa, dans le dénuement total.