Verckys Kiamuangana Mateta est né à Kisantu le 19 mai 1944 à Kinshasa, musicien et homme d’affaires originaire de la République démocratique du Congo (RDC). Ce saxophoniste talentueux est né Georges Kiamuangana Mateta. Contrairement à la plupart des musiciens congolais célèbres de son époque, Verckys est issu d’une famille aisée. Il a réussi à devenir le premier Congolais à détenir son propre label, ainsi qu’un studio d’enregistrement, entre autres réalisations.
Souffleur de talent, Georges Kiamwangana Mateta, alias Verckys, est connu comme l’un des meilleurs saxophonistes africains de tous les temps.
Auteur, compositeur, arrangeur, preneur de son, éditeur, producteur, mécène, musicien dans le bon sens du terme, dirigeant d’entreprise et meneur d’hommes, tout cela rime avec la personnalité de celui que le public congolais reconnait comme « l’homme aux poumons d’aciers », dont le centre d’intérêts se trouve à l’immeuble Veve Center dans la commune de Kasa-Vubu à Kinshasa.
Verckys Kiamwangana est un homme courageux qui constitue un exemple d’abnégation, pour la jeunesse congolaise, d’autant plus qu’il a été toujours persévérant dans sa vie comme un vrai battant qui réussit toujours dans ses entreprises, témoignent les milieux où il évolue.
De 1962, il est successivement dans les orchestres Los Cantina, Jamel Jazz avec Voukys et Thamar au chant, et lui au saxo. Cet orchestre fut considéré en ce moment-là, comme la pépinière de la nouvelle garde musicale de Léopoldville.
Verckys, s’est fait connaître en tant que membre du célèbre groupe O.K. Le jazz. Il avait maîtrisé la flûte et la clarinette tôt dans la vie et avait obtenu son diplôme de saxophone tout en jouant dans un combo dans une église dirigée par des disciples du prophète congolais Simon Kimbangu. Alors qu’il était encore adolescent, il a fait ses débuts professionnels dans le Conga Jazz de Paul « Dewayon » Ebengo, puis est passé à O.K. Jazz en 1963. Verckys jouait un saxo énergique, teinté de rhythm and blues américain. Ses solos volatils, bien que généralement non crédités sur les disques, ont distingué la période du milieu des années 60 du groupe et ont valu à Verckys la distinction « d’homme aux poumons d’acier ». Les contributions généralement considérées comme celles de Verckys incluent les solos de « Polo », « Bolingo ya Bougie » et « Ngai Marie Nzoto Ebeba ». Il a également écrit l’une des chansons les plus connues du groupe « Oh Madame de la Maison » (Mme de la maison), sur une femme au foyer face à la tentation.
En 1968, avec Youlou Mabiala, en marge de l’OK Jazz, il enregistre plusieurs titres dont « Okokoma Mokristu » de Simaro Lutumba qui connait un énorme succès et cela lui vaut un renvoi de l’OK Jazz pour ce « nzonzing ».
Il monte le 5 avril 1969, Verckys après avoir quitté O.K. Jazz son propre groupe Orchestre Vévé. Le groupe comprenait les chanteurs prometteurs Matadidi « Mario » Mabele, Marcel « Djeskain » Loko et Bonghat « Sinatra » Tshekabu, qui formeront le très populaire Trio Madjesi quelques années plus tard.
L’orchestre Vévé fait sa sortie officielle au bar Vis-à-Vis, en juin 1969 et s’illustre par plusieurs tubes dont « Mfumbwa », « Liwa na ngai Bankoko Bayoki », « Fifi Solange », « Bolingo Florence », etc.
Après avoir bousculé l’échiquier musical congolais, Sinatra, Djeskain et Mario quittent Vévé pour former l’orchestre Sosoliso, et ils se font appeler le trio MA-DJE-SI, initiales de Mario-Djeskain-Sinatra. Ils se rendent à Brazzaville, et enregistrent à la Socodi.
Cela a coûté cher à Verckys, qui se relèvera avec d’autres musiciens. Il recruta de nouveaux musiciens et enregistre les chansons « Fifi », « Nakomitunaka », « Sex Vévé », Kelly et Juslain Makanga lancent « Ndona et « Gilmo », des chansons qui furent de grands succès de l’orchestre la même année.
« Nakomitunaka » était la réponse plutôt amère de Verckys à l’opposition de l’église catholique à la campagne d’authenticité du président du Congo-Kinshasa (Zaïre) Mobutu.
Une fois l’Orchestre Vévé lancé avec succès, Verckys a commencé à se diversifier dans d’autres domaines de l’entreprise. Il a signé des groupes établis dont Les Grands Maquisards et Bella Bellato son nouveau label Vévé et a aidé d’autres, comme Empire Bakuba et Lipua Lipua, à démarrer. Verckys a ouvert le studio d’enregistrement le plus moderne de Kinshasa en 1972 et un siège et un complexe de divertissement élaborés appelés Centre Vévé en 1978. Il a également servi un mandat en tant que président du syndicat des musiciens (UMUZA) succédant à Franco à la fin de 1978. De plus en plus occupé par des activités commerciales, Verckys trouve de moins en moins de temps pour se produire et son Orchestre Vévé se désintègre peu à peu.
Dans les années 80, Verckys a aidé à démarrer des groupes de la jeune génération, notamment Langa Langa Stars, Victoria Eleison et Anti-Choc. Il a ouvert une usine de pressage de disques à Kinshasa en 1984, mais les cassettes pirates et l’effondrement de l’économie du pays avaient déjà brisé la domination du marché du vinyle, faisant de l’entreprise un échec. Verckys a jeté les bases d’une carrière politique finalement infructueuse au début des années 90.
Verckys était un musicien extrêmement talentueux qui, en tant qu’accompagnateur et leader, a apporté une contribution substantielle à la rumba congolaise. Néanmoins, les entreprises commerciales de Verckys ont éclipsé ses offres musicales, ses méthodes faisant souvent l’objet de commérages et d’accusations. Certains ont attribué son ascension rapide aux fruits du trafic de contrebande, une accusation qu’il a toujours niée. D’autres affirment que les groupes qu’il a créés étaient souvent construits à partir de l’épave induite par Verckys de groupes établis. Bien qu’il se classe avec Franco et Tabu Ley parmi les principaux entrepreneurs de la musique, il reste une figure controversée.
Le remarquable saxophoniste et patron des éditions Vévé a épousé (Le patron de la musique congolaise), le 23 avril 2022, en présence de quelques invités triés sur le volet au Chapiteau de GB, celle qui partage sa vie depuis vingt-quatre ans, Séraphine Kondoli Kiamutu.
Manager et producteur d’autres artistes
A la même période, Georges Kiamwangana Mateta monte les éditions Vévé et produit un nombre important d’artistes sur la scène musicale.
Les premiers produits qui furent édités par les éditions Vévé sont sans doute : « Okokoma Mokristu », « Mbula ekoya to kozongana » de Verckys. Les premiers disques de l’orchestre Vévé, ont été édités par Verckys lui-même. « Nakopesa yo motema » et « Billy yaba fiancés » de Verckys et « Fifi Solange » de Saak Saakul.
C’était le début des éditions Vévé. Un début difficile pour ce jeune de 25 ans, qui se lance dans la production et dans l’édition discographique. Avec les premiers bénéfices réalisés, il se procure des matériels musicaux auprès de Roger Izeidi. Et il réussit à équiper complètement son ensemble musical et son studio d’enregistrement dans sa parcelle sur l’avenue Eyala, dans la commune de Kasa-Vubu. Et plus tard, il installera son magasin Zadis sur la Place Victoire.
Dans les années 90, se concentrent à Paris, les producteurs qui éditent la musique africaine. Le manque des structures au pays handicape le secteur. Verckys est au bout de ses forces, il n’y a plus de producteurs nationaux. Les rares survivants sont lassés. Les producteurs étrangers s’accaparent des produits des musiciens congolais.
Dans les années 1970, il se produit avec d’autres grands musiciens de légende comme Nyboma Mwan’Dido et Pépé Kalle. Dans les années 1980, Verckys monte Langa Langa Stars composé d’Evoloko Joker, Bozi Boziana et Djo Mali Boteku, dissidents de Zaïko Langa Langa, et de Dindo Yogo.
En 1998, il dirige avec Tabu Ley, Zatho Kinzonzi et Philippe Kanza, les travaux de l’Union des musiciens congolais (Umuco), sur les avis et considérations en rapport avec la Constitution de la 3ème République. En 2006, il relance les éditions Vévé et ressort une vingtaine de cassettes des œuvres de plusieurs artistes et orchestres, éditées et produites depuis 1969.
Il a été victime d’un accident cardio vasculaire au mois d’Aout dernier, il était depuis en réadaptation physique. Le vieux Verckys vient de décédé, ce jeudi 13 octobre 2022, au Centre Médical de Kinshasa..
Commentaire:
« …Sacré Verckys ! Je crois que personne ne s’est ennuyé en écoutant son interview accordée à Frank Wooter de Radio Centraal. La grande leçon à tirer de cette entrevue, c’est que Kiamuangana Mateta est l’homme qui connaît le mieux nos artistes musiciens. Il a été volubile, très à l’aise, connaissant ses dossiers. Il est lui-même passé par plusieurs étapes et épreuves qui l’ont façonné. Il a côtoyé feu Franco Luambo Makiadi, il a été viré de l’O.K. Jazz pour avoir fait du « nzonzing », il a connu les entrées et sorties du Grand maître, il a eu mal à partir avec ce dernier qui n’a jamais accepté d’être sous les ordres de quiconque, paraphrasant Armando Brazzos qui a dit la même chose lorsqu’il a expliqué les raisons qui ont poussé Franco à ne pas faire partie de l’orchestre qui représenta notre pays à la Table Ronde de 1959. Luambo ne voulait recevoir des ordres ni de Grand Kallé ni de personne. Verckys est, à mon avis, le témoin le plus précieux et le plus vivant de notre patrimoine musical. Lui-même auteur compositeur, saxophoniste familier avec d’autres instruments de musique, il est devenu preneur de son par lui-même, a ouvert une maison d’édition, a produit et distribué des disques en plus d’être président de l’Union des musiciens congolais et membre de la SABAM. Aucun artiste congolais n’a une feuille de route aussi impressionnante. Personne n’a contribué autant que lui à l’essor de notre musique. On n’a qu’à penser à tous ces orchestres qui sont partis de son écurie pour aboutir aux ensembles qui font la pluie et le beau temps de nos jours. Tous lui doivent une fière chandelle. Appelez-le icône, monument ou prophète, comme vous voudrez, mais Verckys est pour la musique congolaise contemporaine ce que furent respectivement Wendo Kolosoy pour la musique congolaise et le Grand Kallé pour la musique congolaise moderne… » (Célestin S. Mansévani)
KK
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Une bibliothèque, une fierté pour la rdc à l’instar du seigneur ley
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