Musicien congolais, un des « pères » de la rumba kinoise et de la musique congolaise moderne. Antoine Kalosoyi (qui deviendra officiellement Kolosoy) naît le 25 avril en 1925 dans le territoire Mushie, dans l’actuelle province du Mai – Ndombe, République démocratique du Congo. il perd très tôt son père, Jules Botuli, alors militaire, et sera élevé par sa mère Albertine Bolumbu, morte alors que Wendo avait neuf ans. A l’adolescence, il suit les traces maternelles en chantant dans les fêtes de quartier, les naissances et les funérailles, en autodidacte.
Il chante très jeune à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo), dans l’orchestre de Victoria Léo. On lui attribue très vite le sobriquet de « Windsor », référence au duc de Windsor – il créera l’orchestre Victoria Kin –, qui se transforme en « Wendo Sor » avant de devenir simplement « Wendo ».
Wendo a été mécanicien de bateaux sur le fleuve Congo. À chaque escale, le garçon prenait sa guitare et faisait bénéficier les gens du coin de ses titres musicaux, empruntant à l’Afrique et aux Caraïbes.
Les difficultés financières l’amènent à quitter sa ville natale pour Léopoldville où il débarque en 1936. Dans la capitale congolaise, il fait la connaissance d’un commerçant grec, Nicolas Jéronimidis dit « Nico », qui va le chaperonner et l’adopter. Ce dernier lui offre sa première guitare, un instrument qu’il apprendra en autodidacte. C’est ainsi qu’il débute, quelques années plus tard, sa carrière professionnelle de chanteur, à une époque où la scène kinoise est dominée par les groupes Congo Rumba du musicien antillais Jean Réal (1938) et Jazz Bohême de l’auteur-compositeur Bernard Massamba (1939), tous deux adeptes de rumba cubaine. Il se révéla comme chanteur individuel à la voix suave et très remarquable.
Wendo, interprète à partir de ce moment, une musique de variété composée ou arrangée par lui-même, et qui emprunte quelques éléments formels à la musique moderne. La séduction du répertoire et des sonorités, la musicalité simple et parfaite et le talent de quatre musiciens qui composent son groupe : François Ngombe Boteko «Me Taureau », Bongeli, Bape etTango, autant d’explications au succès assuré d’un ensemble que seule la voix de Wendo suffisent à identifier.
S’inspirant de Paul Kamba qui initie la rumba brazzavilloise en 1942 avec son groupe Victoria Brazza, Wendo Kolosoy fonde avec quelques amis de Léopoldville l’orchestre Victoria Kin qui connaît un grand succès.
va s’appuyer également sur un groupe d’animation de jeunes filles dénommé « La reine politesse », dirigé par la grande danseuse brazzavilloise, Germaine Ngongolo et dont on reconnaît le travail important fait au sein des associations féminines basées au bar-dancing « Chez Faignond » à Brazzaville.
L’influence de Wendo prit une nouvelle tournure en 1946 grâce à l’installation à Léopoldville des hauts parleurs de Radio Congolia qui ont largement fait sa promotion et, lui ont permis de commencer l’expérience phonographique à la première Maison de disque kinoise, la firme Olympia.
Mais quelques années après, des difficultés financières surgissent au sein de l’orchestre malgré les efforts de Wendo, l’âme du groupe. Contraint de quitter ses amis, il trouve un emploi de mécanicien dans une société de la place. Il n’y travaille pas longtemps, car amateur acharné de la musique, il préfère abandonner ce poste pour se faire engager par Les Editions Ngoma fondées par son mentor, Nicolas Jéronimidis. Nous sommes en 1948.
Nico Jéronimidis eut alors l’idée de réunir trois grands guitaristes du pays, Léon Bukasa, Manuel d’Oliveira et bien sûr Wendo Kolosoy, pour lancer le trio BOW (Bukasa / Oliveira / Wendo). La même année, accompagné de ses deux amis de BOW et d’anciens membres de sa formation Victoria Kin, Wendo Kolosoy fait ses premiers enregistrements dans les studios des Editions Ngoma pour un super 45 tours comportant « Marie Louise« , « Paul Kamba atiki biso » (dédié à Paul Kamba) et « Wasero Eruga ». Sa voix à la fois éraillée et profonde, ses onomatopées, ses inflexions vocales tendant parfois vers des sons aigus, ses roucoulades ainsi que sa rumba kinoise, fusion de rythme traditionnel (zebola), latin (rumba cubaine) et antillais (« matiniqué », déformation de martiniquais), séduisent aussitôt les mélomanes des deux rives du fleuve Congo.
Chanson dédiée à celle qu’il veut épouser malgré I’opposition de ses parents, la petite sœur de son ami Henri Bowané, « Marie Louise » connaît un tel succès que ses admirateurs de Kin-Malebo lui attribuent plusieurs surnoms comme « Wendo Sor » (déformation de Windsor) ou « Mokonzi ya nzemba » (« Maître de le chanson »). Marie Louise, propre mère de la chanteuse Lo-Benel, lui vaut les surnoms de « Mokonzi ya nzemba » (« maître de la chanson »).
Véritable détonateur de sa carrière et de la rumba congolaise, la chanson « Marie Louise » à « laquelle les autorités politiques de l’époque accordaient la vertu magique de réveiller les morts si on la joue aux alentours de minuit et de perturber la jeunesse, fut considérée par l’église catholique comme satanique ». Wendo Sor est alors excommuniée et contraint de quitter la capitale Léopoldville pour se réfugier à Stanleyville (actuel Kisangani). Pour subvenir à ses besoins, il devient boxeur professionnel malgré lui.
L’assassinat de Lumumba, en 1961, le coup d’État de Mobutu en 1965, pousseront Wendo à mettre fin à sa carrière et ne reviendra en scène que lorsque celui-ci sera écarté du pouvoir 32 ans plus tard par Kabila.
Après plusieurs années de galère, Tabu Ley Rochereau l’invite en 1966 à chanter avec son groupe African Fiesta National avant de lui dédier « Mokitani ya Wendo » dans l’album Rochereau / Sam Mangwana & L’African Fiesta 1968-1969-1970 (Syllart Productions).
Lorsqu’en 1973 Papa Noël est chargé par le bureau du président de la République du Zaïre, Mobutu Sésé Séko, de réaliser dans le cadre de l’authenticité prôné par le pouvoir le double album Anthologie de la musique zaïroise moderne vol2, Wendo Kolosoy fait partie de l’aventure aux côtés d’autres figures emblématiques de la musique congolaise comme Camille Feruzi, Léon Bukasa, Lucie Eyenga Moseka, Adou Elenga et Manuel d’Oliveira. Vingt ans plus tard, il fait l’objet d’un documentaire réalisé par le Belge Mirko Popovitch, « Tango ya ba Wendo » (« le temps de Wendo » en lingala), nom donné dans les années 1940-1950, à Kinshasa, au précurseur de la rumba zaïroise.
Il revient d’abord timidement en 1993 avec « Nani akolela Wendo » puis après la prise du pouvoir par Laurent Désiré Kabila en 1997.
A l’occasion de son passage au Centre Wallonie Bruxelles en octobre 1999, Nago Seck et Sylvie Clerfeuille l’invitent à déjeuner dans un restaurant congolais du 18ème arrondissement de Paris puis lui font la surprise d’aller rendre visite à Alexandre Jéronimidis, alors âgé de 94 ans, malade et alité. En effet, lors d’une interview de l’ex-producteur grec dans sa villa à Versailles, il confie aux deux journalistes son désir de revoir Wendo Sor avant de mourir. Ces derniers lui promirent alors qu’ils feront tout leur possible pour que ce vœu se réalise, si toutefois Wendo vienne à Paris. Comme dit le proverbe « chose promise, chose due ». C’est ainsi que ces retrouvailles très émouvantes eurent lieu en présence de leurs enfants, du producteur/manager belge Michel De Bock (Contre-Jour) et du journaliste congolais Manda Tchebwa (actuellement membre du MASA). Ce fut aussi l’occasion pour Wendo, le passionné de châteaux, de palais et de palaces, d’entrevoir avec émerveillement le Château de Versailles.
Wendo fait son Bercy grâce à Papa Wemba
La même année, son titre « Pépé Kallé », un hommage bouleversant au chanteur congolais disparu en 1998 est sur MASA – Musiques du continent Africain vol2, le double album réalisé par Label Bleu/Indigo pour le Marché des Arts du Spectacle Africain auquel Wendo et son groupe ont participé. Le 31 décembre 2002, il est au Palais Omnisport de Paris Bercy, invité par Papa Wemba à son show spécial réveillon pour la sortie de l’album Bakala dia kuba.
Atteint d’une crise de surmenage, Wendo Kolosoy lutte depuis juin 2005 entre la vie et la mort au centre médical de Barumbu à Kinshasa, faute de soins appropriés. Se disant abandonné par les autorités politiques et les artistes de son pays, il a lancé un appel à la solidarité pour lui venir en aide.
L’artiste musicien Wendo Kolosoy a rendu l’âme, à 18h30 le 27 juillet 2008, à la clinique Ngaliema où il était hospitalisé, à l’âge de 83 ans. Jacques Sarasin lui a consacré un documentaire, On the Rumba River (2007). Il est souvent reconnu comme le père de la rumba congolaise.
Avec Afrisson
L’Origine du pseudonyme « Wendo »
L’origine de son surnom « Wendo » à l’allure internationale, il le tient du gouverneur belge de la ville de Léopoldville (Kinshasa), Monsieur Pétillon qui au cours d’une manifestation au Kongo bar, qu’animait Wendo devant les colons belges, Pétillon fit le commentaire suivant :« lorsqu’ Antoine Nkalasoy bat sa mesure, il bondit comme les amortisseurs de la voiture anglaise de la marque « Duc de Windsor ». Le commentaire arriva aux oreilles d’Antoine Nkalasoy et de ses amis, et le surnom fit sa petite route à travers tout Kinshasa et tout le Congo. Et Antoine Nkalasoy fit surnommer« Duc de Windsor » qui devint avec la déformation linguistique Wendo Sor, abrégé tôt en Wendo au point de remplacer son véritable nom.